Aîné d’une fratrie de quatre, le jeune Rodrigue apprit très vite à s’occuper de lui-même et de ses frangins. Ses parents étaient des marchands de Dust à Vale et n’étaient pas très présents à la maison. Pourquoi avoir fait quatre rejetons alors ? Mystère. Toujours est-il que petit Rodrigue savait très tôt faire la cuisine, le linge et maintenir en place les frangins. Heureusement, il était épaulé par sa sœur. On se rendit très vite compte que le jeune garçon avait une relation toute particulière avec le sucre : plus il en avalait, plus il devenait fort et rapide. A l’inverse, des carences le transformaient en larve jusqu’à ce qu’il y remède. C’était bien pratique, par exemple pour soulever les meubles pendant le ménage, mais aussi quelque peu dangereux, comme quand il voulait frapper gentiment dans le dos de ses camarades dans la cour de récréation après le repas et qu’il les faisait tomber face contre terre.

Après quelques incidents, dont le fameux « premier petit copain de la petite sœur », on fit comprendre à Rod’ que soit il devrait se rationner sur le sucre, soit tenter de faire quelque chose de sa force et de ses sautes d’humeur. Le choix fut vite fait : pas question d’abandonner ses gueuletons de  chocolat, il deviendrait un Huntsman. La décision fut accueillie avec étonnement de la part des parents et facepalms en chaîne par les frères et sœurs, qui eurent finalement bien raison : le côté sympathique et débonnaire de Rod’ détonna quelque peu dans le sérieux de Beacon. Pour les quelques années où il y resta, il aura été surtout retenu comme l’étudiant ayant le plus tenté d’avoir du rab’ à la cantine. Comme prévu, son côté amical et sympathique trancha quelque peu avec tous ces aspirants qui voulaient tataner du Grimm par ressentiment ou par appel du devoir. Personnellement, il s’en fichait, c’était sûrement la seule chose qu’il pouvait faire de sa vie, il le ferait en s’amusant.

C’est pendant cette période qu’il mit au point son style de combat sobrement baptisé « frapper puis réfléchir après ». Son arme de prédilection représentait bien cette philosophie : une épée quasiment aussi grande que lui qui pouvait devenir un bazooka et lancer quelques grosses munitions de Dust explosives. Ou givrantes. Il en avait aussi quelques-uns qui provoquaient seulement de gros courants d’air, parfaits pour sauter haut et fracasser des crânes. Oui il faisait ça avec le mode distance aussi. Toutes ces munitions différentes pouvaient être librement choisies pour faire face à n’importe quelle situation, mais rendaient la garde de l’espadon très massive ce qui lui jouait parfois des tours. Il n’empêchait que ça avait du bon d’avoir des parents vendeurs de Dust.

Après quelques années donc, il fut diplômé. Il n’était pas devenu le plus réfléchi des combattants, ni le plus fort, ni le plus impressionnant, mais il savait se battre, se débarrasser de Grimm de manière efficace. Et contrairement à la plupart de ses amis, il n’était pas un edge-lord qui avait traversé des tragédies toute sa vie. Il avait un job, il avait une famille, il avait une grosse épée-bazooka et accès à beaucoup de chocolat. Que demander de plus ? Il n’était qu’au début de sa vie, il lui restait beaucoup de temps avant de chercher un sens à cette dernière. Pour le moment il débarrasserait au maximum le monde des Grimm, et passerait son temps à mâchonner des snacks. Ça lui suffisait amplement.