Tout commence bien ou mal dans une histoire. Pour finir par l'inverse. Sinon ce ne serait pas une belle histoire, et encore moins une histoire qui devrait être raconté. Sûrement est-ce pour cette raison que Gangrel garde précieusement la sienne dans un petit coffret doré. Le seul objet de valeur qu'il possède et aura conservé alors qu'il avait appartenu à un être cher.

Cette histoire là ne sera donc pas belle. Ce n'est pas le genre de truc qu'on aime raconter aux gens. Pourtant ces événements ce sont bien déroulés un jour.


* * *

La première emporté par la peste,
La deuxième s'est fracassée la tête,
La troisième, a été écrasée.

Ignis, avec le verre s'est coupée,
Ethno par le boulanger s'est fait assommé,
Sara, du deuxième étage est tombée.

Chris par deux fois à été percuté,
Armond par erreur à été cisaillé,
Marine, elle aussi est tombée.

Si la faute avait été mienne je l'aurais rendue malade, je lui aurais fracassé la tête, je l'aurais écrasée, je l'aurais coupé, assommé, poussé, percuté, cisaillé et elle aussi poussée.
Si la faute avait été mienne, tout ça je l'aurais fait moi-même.

Ces paroles affreuses qui sonnaient comme une comptine, n'était pas le fruit d'un esprit détraqué par les événements cités. A l'origine la chansonnette n'avait pas été si longue. A chaque mort dont il se croyait le fautif il l'entonnait pour se rassurer.


* * *

Sa première mère fut la plus douce et gentille qui soit. Elle l'avait vu grandir durant 9 années avant de mourir, à cause d'une maladie qui la rongeait, semblable à la peste. Cette perte avait créé un vide dans le coeur de Gangrel. Bien sûr il avait encore son père, qui trop occupé par le travail ne lui accordait que peu de temps, mais les moments passés ensembles n'étaient pas désagréables.

Sa seconde mère fut la plus aigrie et la plus mauvaise qui soit. Elle le frappait, le détestait, et trouvait toujours une raison de l'accuser pour des choses qu'il n'avait pas faites. Heureusement pour lui, un jour, après deux années à la supporter, elle eut un accident. En voulant le poursuivre pour le frapper elle a glissé sur une marche et à dévalé tout l'escalier! Au bout du compte, sa tête c'en est retrouvée fracassée sur le sol contre un meuble en bas.

Sa troisième mère fut la plus sage mais aussi la plus silencieuse. Elle ne se préoccupait pas vraiment de lui. Elle ne lui en voulait pas d'avoir été le fruit de l'amour de son actuel mari avec sa première femme. Elle jugeait simplement qu'il était nécessaire qu'il apprenne à se débrouiller seul. Tout deux ne s'aimaient pas mais ne se détestaient pas non plus finalement. Deux années passèrent et un jour miséreux voulut que dans la rue, un véhicule la percute alors qu'elle sortait à peine de chez elle. Tout avait fini dans le mur voisin et on la retrouva déformée tellement l'accident avait été violent.

Suite à ça le père de Gangrel se crut maudit et ne souhaita pas se remarier. Afin que son fils ne le voit pas en mauvais état, il cru bon de l'envoyer chez son oncle et sa tante. Vous connaissez la chanson. Le temps que le père s'en remette les catastrophes continuèrent du côté du fils. Sa tante mourut dans d'étranges circonstances dans la cuisine, coupée par un millier de morceau de verres éparpillés sur le sol. De ce qui avait été déclaré, le chat à fait l'imbécile. Il avait perdu la tête et avait fait tomber nombre de couverts et vaisselles. La pauvre femme est tombée et n'a pas survécu aux taillades en glissant sur les plus gros morceaux tranchants. La fille, en s'amusant, est passée par dessus le balcon de sa chambre. Son petit corps fragile n'a pas supporté le choc. Le père quant à lui, malgré le chagrin, était resté bon avec son neveux. Pour lui apprendre à supporter ces événements il lui rappelait que rien n'était arrivé par leur faute. Il y a une raison, quelque chose qui à causé ses morts, et ce n'était certainement pas lui. Dans les mois qui ont suivi, l'oncle est mort à la boulangerie. Le propriétaire de la petite épicerie avait été particulièrement de mauvaise humeur ce jour là. La bagarre avait été rapidement clôturé. Un coup bien placé dans le crâne et son client s'écroulait sur le sol.

Gangrel dû retourner chez son père. En dépit de ces mauvaises expériences, l'adolescent parvenait encore à aller à l'école. Sur le chemin de l'allée, il se remémorait, pour se donner confiance.

La première emporté par la peste,
La deuxième s'est fracassée la tête,
La troisième, a été écrasée.

Ignis avec le verre s'est coupée,
Ethno par le boulanger s'est fait assommé,
Sara, du deuxième étage est tombée.

Si la faute avait été mienne je l'aurais rendue malade, je lui aurais fracassé la tête, je l'aurais écrasée, je l'aurais coupé, assommé, poussé.
Si la faute avait été mienne, tout ça je l'aurais fait moi-même.


Au fil du temps il avait commencé à prendre ses distances, de peur que ceux et celles qui l'approcheraient mourraient. Seulement... trois jeunes de son âge refusaient de le laisser seul. Ils ont sympathisé rapidement, Gangrel avait apprécié mais ne s'attachait pas. Les mois qui suivirent furent certainement les pires puisque cette fois il fût témoins des scènes.

Chris par deux fois à été percuté: il avait survécu au premier coup, mais le deuxième le lendemain, avait été fatal.

Armond par erreur, à été cisaillé: le jardinier s'était lui même blessé et dans un large geste maladroit il avait tué le petit derrière lui.

Marine elle aussi est tombée: du haut de l'école alors qu'elle prenait un bol d'air frais, la grande vitre refaite récemment s'est détachée et l'élève a basculé en avant. Retrouvée en sang dans les marches de l'entrée de l'école.

Gangrel refusera de retourner étudier avec les autres. Ses camarades, avec un porte poisse pareil, n'étaient pas en sécurité. Le père comprendra et acceptera avec une bonne raison. Il lui apprendra les bases de son métier de croque-mort afin que son fils puisse reprendre l'affaire plus tard. Trois années avaient suffit pour que le brun connaisse chaque détails de différents métier entourant le sien. Les fossoyeurs et légistes par exemple, tout comme eux, ne sont pas appréciés mais leur métier est nécessaire. Les gens devraient leur être plus reconnaissant. En leur confiant la tâche de s'occuper des défunts ils n'ont pas à le faire eux même, qu'ils s'estiment heureux! Gangrel avait 18 ans maintenant: son père avait beaucoup vécu à ses côtés et maintenant que sa tâche était terminée il pouvait bien se reposer. Il était bien le seul à ne pas être "atteint" par son fils. Ce dernier s'occupe de son parent tout en tenant leur petite affaire. Elle ne rapportait pas grand chose mais c'était indispensable.

L'année suivante fût plus paisible. A prendre soin de rester loin du monde, Gangrel s'était un peu renfermé sur lui même. Allons. Après tout, ces gens sont détestables, il ne rate rien. Il ne regrette rien. Il ne veut rien regretter. Alors chaque nuit avant de s'endormir, il chantonne tout bas.

La première emporté par la peste,
La deuxième s'est fracassée la tête,
La troisième, a été écrasée.

Ignis avec le verre s'est coupée,
Ethno par le boulanger s'est fait assommé,
Sara, du deuxième étage est tombée.

Chris par deux fois à été percuté,
Armond par erreur à été cisaillé,
Marine, elle aussi est tombée.

Si la faute avait été mienne je l'aurais rendue malade, je lui aurais fracassé la tête, je l'aurais écrasée, je l'aurais coupé, assommé, poussé, percuté, cisaillé et elle aussi poussée.
Si la faute avait été mienne, tout ça je l'aurais fait moi-même.


Parfois ce n'est pas suffisant alors il reprend:

La première emporté par la peste,
La deuxième s'est fracassée la tête,
La troisième, a été écrasée.

Ignis avec le verre s'est coupée,
Ethno par le boulanger s'est fait assommé,
Sara, du deuxième étage est tombée.

Chris par deux fois à été percuté,
Armond par erreur à été cisaillé,
Marine, elle aussi est tombée.

Gangrel quant à lui, un jour peut être perdra la tête.

C'est alors qu'il imagine parfaitement sa tête quitter ses épaules dans un rire nerveux. Sans doute n'est-il pas le plus sain d'esprit, mais il faut bien quelqu'un pour s'occuper des défunts. Et puis, il faut de tout pour faire un monde...