D’irréductibles silhouettes avançaient en file indienne sans se retourner, bien loin de leurs terres natales glacées.

Leurs empreintes de pas s’effaçaient lentement du sable brûlant des dunes du désert de Vacuo comme s’ils n’avaient jamais foulé ce sol aride.

L’air suffoquant, ondulait sous l’éprouvante chaleur environnante. Pour seul son, le cliquetis régulier des équipements des étrangers. Cependant, le vent commençait à se lever, giflant impitoyablement la faune et la flore.

Nul ne parlait, la bouche couverte d’un foulard pour ne pas avaler la tonne de sable qui virevoltait déjà dans tous les sens, s’engouffrant dans les moindres interstices de leurs vêtements, les grains de sable se mêlaient même à leur sueur pour se coller le long de leur dos irrité.

La mission de la petite troupe de militaires atlésiens se résumait à établir un premier contact avec les autochtones pour se renseigner sur un individu qui aurait fait défection de l’armée et avait volé des informations classées très secret.

Cette mention concerne les informations et supports dont la divulgation et l’accès auraient des conséquences exceptionnellement graves pour la défense et la sécurité nationale d’Atlas.

D’après les renseignements recueillis, l’ancien soldat du nom de Twitch Malkovich aurait été fait prisonnier dans une mine abandonnée de Dust reconvertie en black site par une branche extrémiste du White Fang.

Il a été commandité de neutraliser toutes les forces en présence sur le site et d’exfiltrer le prisonnier pour qu’il soit jugé par la cour martiale.

L’équipe opérationnelle se décomposait en deux groupes Alpha et Bravo, avec en tête un soldat en guise d’éclaireur, fin connaisseur de la topographie du Royaume de Vacuo et spécialiste des explosifs, de Zephyr en seconde position en tant que meneur de la mission, son rôle étant de prendre toutes les décisions importantes ainsi que d’en assurer la réussite.

En troisième position, dans l’équipe Bravo, Rose était aux aguets balayant son regard aux alentours pour repérer un lieu en hauteur comme tout excellent tireur de précision et enfin pour fermer la marche et assurer leurs arrières, un spotteur avec toute la panoplie de soins nécessaire à la survie du groupe en cas de blessure.

Après plusieurs heures de marche, la troupe croisa un campement de caravanes de marchands. Les deux camps se jaugèrent, les autochtones peu amènes les regardaient d’un air méfiant mais les invitèrent finalement à se désaltérer. Il était rare de tomber sur des êtres humains bipèdes dans le désert et encore moins vivants.

Dans une tente, Rose couvrant ses arrières, Zephyr était assise en face de ce qui s’apparentait à la meneuse de la caravane, sa peau était tannée par le soleil, et une balafre la défigurait de l’œil gauche jusqu’en bas de la joue droite.

La femme basanée essayait de leur refourguer des bibelots et autres artefacts prétendument mystérieux sans valeur notable, étalés méthodiquement sur la petite table dépliante faisant office de support bancale.

La militaire n’était pas dupe. Il y avait autre chose et la marchande essayait d’endormir leur vigilance en les noyant dans ses arguments de vendeur à la sauvette. La Huntress pouvait sentir le regard de Rose dans sa nuque, pas besoin de se parler, ni de se regarder pour que le message passe et la Huntress décida de mettre un terme au tour de manège.



Les autres accompagnateurs, qui ressemblaient plus à des brigands déguisés en marchands, s’étaient tendus, l’interlocutrice sourit, les yeux étincelants de malice et se pencha vers Zephyr :



A peine la balafrée avait fini sa phrase que Zephyr bondit de sa minuscule chaise en toile, ses mains maintenaient la table pliante contre la marchande, bloquant son couteau au niveau de son pelvis alors qu’elle l’avait sorti de sa cuisse pendant qu’elle parlait.

Puis, une fraction de seconde plus tard, un bruit de front fracassé se fit entendre, l’atlésienne avait renversé la table, face plate avec tous les objets posés dessus contre la tête de la marchande qui se retrouva à terre, sonnée.  

Puis Zephyr se tourna vers sa gauche, et donna un coup de table dans la tête d’un sbire, tout en lui brisant le tibia d’un coup de talon avant de lâcher la table et de la faire pivoter avec le corps neutralisé qui atterrit sur d’autres adversaires, chutant tous au sol.

Rose couvrait ses arrières et son flanc gauche, son fusil à pompe scié était déjà fumant, le tapis recouvert de douilles de calibre 12.

La plus gradée des officiers esquiva quelques coups de sabre d’un marchand-brigand ou brigand-marchand, elle réussit à immobiliser le bras dangereux, fit faire une torsion du coude à son agresseur, puis l’empoigna par les cheveux et mit sa tête contre la torche centrale, lui brûlant tout le côté droit du visage.

D’un coup de pied, elle renversa le brasero sur la marchande qui se relevait pour la poignarder, la femme, agile, esquiva et changea de cible pour abattre Rose dans le dos, mais Zephyr était déjà sur elle, la stoppant dans son mouvement, lui déboîta le bras et planta le couteau dans l’œil d’un autre sbire.

Durant la bagarre générale, la militaire entendit comme une arme électrique et évita de justesse de se faire électrocuter. Profitant de l’élan, son assistante opérationnelle donna un coup de crosse bien senti au niveau du maxillo-facial de ce nouvel adversaire et paralysa avec l’arme tombée au sol tous ceux qui étaient en train de se jeter sur Zephyr déjà recouverte d’ennemis.

Par ailleurs, la leader de l’ancienne team ZAFR s’agaça et les balança comme de vulgaires insectes, faisant effondrer la tente. Après avoir soulevé un nuage de sables impressionnant, le campement des marchands était devenu une ruine, les deux autres soldats surentraînés avaient réussi à gérer la situation de leurs côtés.

Rose commenta :



Les soldats se regardèrent, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Zephyr croisa le regard amusé de la femme aux cheveux dorés et lui répondit, factuelle :



L’officier le moins gradé du duo féminin esquissa un sourire satisfait en fixant son ancien leader :



La Huntress ne put s'empêcher de lui rendre son sourire en secouant la tête, finit de vider la gourde de la marchande et ordonna la reprise de la mission, repartant comme ils étaient venus, comme des fantômes de sable.

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Une goutte de sueur perla et glissa lentement de la tempe à la joue du tireur d’élite et s’évapora avant même d’atteindre le sable sous la chaleur éreintante.

Rose Sakura était postée au sommet d’une dune, dans l’angle mort gauche de l’ouverture de la mine désaffectée alors que son spotteur couvrait l’angle mort droit. Ce dernier observait à la jumelle les éventuels mouvements mais rien à signaler.

Ils restaient silencieux, camouflés dans le décor, concentrés sur la mission commencée depuis quelques minutes déjà et à écouter attentivement dans l’oreillette ce qu’il se tramait, à savoir le rapport régulier de l’équipe Alpha, prêts à couvrir leurs arrières si cela tournait mal.

En parlant d’eux, après avoir investi le sas d’entrée, Zephyr et son partenaire progressaient doucement, prudemment et se couvraient mutuellement les angles. La mine était très sombre, à température fraîche ce qui tranchait avec la chaleur extrême extérieure.

Habitués aux grands froids, le choc thermique n’était pas un facteur déterminant à prendre en compte pour le duo. Ils déboulèrent dans une première cavité, peu profonde, rien, puis une seconde, toujours rien.



Le déplacement était lent, fastidieux, mais minutieux, l’escouade n’avait aucune idée de la profondeur de la mine et cela allait prendre des heures pour tout vérifier. Zephyr était certaine que ce qu’ils étaient venus chercher se terraient dans le tréfond de la mine.

Heureusement, le soldat d’élite en tête connaissait bien les mines abandonnées de Vacuo et était à l’aise sur le terrain, au moins pour l’instant, il n’y avait aucune bifurcation qui justifiait la séparation du binôme donc ils ne se perdraient pas en rebroussant chemin.

Son Général s’étant absentée pour des convenances personnelles, un autre Général avait supervisé la mission. Il n’aurait pas envoyé un haut gradé spécialisé dans les interventions musclées, la destruction et l’anéantissement à moyenne portée dans une mission de pure reconnaissance tout de même ?

C’était la vingtième alvéole qu’ils vérifiaient sans la moindre présence. C’était très étrange parce que la Huntress avait une impression malaisante d’être observée et pourtant leur vision nocturne et thermique ne détectaient pas âme qui vivait.

Au bout du long tunnel minier, une faible lueur orange clignotait sur une commande d’ascenseur ayant l’air opérationnel, mais seul le câble tractant l’ascenseur était visible. Le tunnel vertical avait l’air bien trop profond et lisse pour crapahuter à même la roche, ils devront faire du rappel à l’aveugle.

Autant dire que ce n’était pas une option qui enchantait vraiment notre protagoniste, puisque se jeter dans la gueule du loup n’était pas son activité favorite, cependant c’était la seule solution rapide envisageable, car utiliser sa semblance était hors de question. Le soldat d’élite, attendant les ordres, couvrait les arrières de Zephyr le temps qu’elle passait la communication.



Un grésillement caractéristique se fit entendre dans son oreillette, c’était la voix chaude et chantante de Rose qui résonnait dans son tympan gauche :



Au fur et à mesure que l’équipe Alpha descendait en rappel, le binôme de Zephyr spécialisé dans les explosifs posait un pain de C4 tous les vingt mètres.

Après un temps interminable de descente où l’atlésienne songeait sérieusement à échafauder des plans s’ils atteignaient le noyau de la planète, son pied rencontra une opposition horizontale.

Elle tendit l’oreille pendant plusieurs secondes, aucun bruit dans les environs et se détacha, atterrissant sur la plateforme métallique qui se trouvait être le toit de l’ascenseur, en étant la plus discrète possible à défaut de pouvoir être silencieuse avec le poids de son arme.

Du moins, l’atlésienne fit une tentative. Car dans les faits, cela se déroula rapidement et pas forcément dans l’ordre chronologique rédigé, puisque le soldat n’arrivant pas à ouvrir la trappe complètement rongée par la rouille eu égard à l’humidité ambiante laissa place à Zephyr.

Cette dernière tenta d’y aller délicatement et n’y arrivant pas, arracha la trappe dans un grincement strident de taule et vérifia rapidement qu’il n’y avait personne, parce qu’en même temps qui stationnerait dans un ascenseur pendant plusieurs minutes sans faire quoi que ce soit dedans dans une mine désaffectée en plein milieu d’un désert aride, tandis que le son résonna dans le reste du long couloir ombrageux et sans lumière.

La militaire roula boula dans l’ascenseur, son overboard en position de bouclier, prête à écraser n’importe qui contre la paroi et à se protéger de quelque projectile que ce soit.

Rien, malgré le bruit causé. La Huntress fronça les sourcils, c’était très étrange de ne pas avoir de réaction de la part de l’ennemi, et sauta par-dessus la rambarde de sécurité, tout en faisant signe de la main à son binôme de continuer.

Sans encombrement, le duo arriva dans une salle où un homme s’y trouvait, attaché solidement à une chaise. Il avait un sac de toile sur la tête et semblait être en mauvais état eu égard à ses vêtements rougis par le sang.

Une vérification sur son pouls encore battant confirma à la gradée qu’il était juste inconscient et ôta le cache du visage afin d’identifier correctement l’individu aux cheveux grisonnants qu’elle reconnue comme étant l’objectif A.

Il suffisait maintenant de le rapatrier en lieu sûr. Plus facile à dire qu’à faire de réussir à extraire un poids mort en plein milieu de nulle part.

L’atlésienne détacha le déserteur de son lieu de torture et lui mit à la place des menottes au cas où il lui viendrait la mauvaise idée de se débattre s’il reprenait conscience, puis le cala sur son épaule comme un gros sac de sable.



Pas de réponse. A la place, un grésillement agonisant se faisait entendre de l’autre côté. Zephyr fronça les sourcils et répéta son message calmement. Toujours rien, il se pourrait qu’à cause de la profondeur de la mine, la communication ne pouvait pas passer, mais la militaire avait comme un mauvais pressentiment dès l’instant où l’ascenseur était en état de marche.

Le duo ne se gêna pas de l’utiliser pour remonter rapidement, sauf qu’un ours en peluche noir était installé à l’entrée de la mine, un bouton en guise d’œil droit lui manquait comme pour les narguer.

La Huntress n’eut le temps que de se jeter à terre par instinct avec son paquet vivant que des balles fusèrent au-dessus de sa tête, que faisait Bravo ? Etaient-ils encore opérationnels ? Comment ont-ils pu les contourner ?

Pour sortir de ce guet-apens, Zephyr fit signe à son binôme de faire sauter le tunnel vertical, lieu où se trouvait l’ascenseur. Les explosions et les éboulements firent office de distraction tant le nuage de poussière était dense, tandis qu’elle sprinta jusqu’à la sortie, se protégeant des balles avec son overboard, le corps inerte du déserteur toujours sur l’épaule, talonnée de près par son guide alors qu’en face, des types fous furieux vidaient leurs chargeurs sans temps mort.

Le duo déboula comme deux étalons en furie, l’un balançant des grenades à concussion, l’autre protégeant l’avant et continuèrent leur course sous le plomb jusqu’au talus de sable où devait se trouver Bravo qui était complètement acculé sous le feu nourri de l’ennemi. Ils avait été pris en sandwich.

Après une longue glissade, la militaire réussit à atteindre la dune où trônait un pauvre rocher dorénavant criblé d’impacts de balles de tout calibre.

A en jauger l’oreillette de Rose qui pendouillait dans son cou, l’ennemi avait apparemment réussi à neutraliser leur communication. Par ailleurs, l’assistante était affairée sauver la vie de son binôme qui se tenait la jambe ce qui expliquait qu’elle n’avait pas pu couvrir Alpha comme il était initialement prévu et abattait implacablement les attaquants de l’autre côté comme des mouches avec son DMR.

En voyant le leader les rejoindre, son visage s’était décrispé, toute inquiétude envolée et ne quittant pas des yeux sa lunette au zoom x16, elle demanda d’un ton détaché :



L’héritière Eolynn répondit immédiatement sans sourciller :



Ce groupuscule allait regretter de s’être pris à plus gros qu’eux.

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Point de vue de Rose Sakura.

La mission commençait à glisser lentement mais sûrement hors de la zone de contrôle de Zeph’. Comme je m’y attendais, ce n’était pas du tout à son goût, elle qui avait l’habitude de tout prévoir, d’anticiper.

Bien entendu, mon Leader savait pertinemment à force d’expérience, que l’imprévu et l’improvisation faisaient parti de l’équation, mais rien qu’à son froncement de sourcils, je pouvais affirmer qu’elle était contrariée.

Remplaçant mon incompétent de spotteur blessé, la Eolynn fit dépasser un bout de son arme Stormbreaker de notre abri de fortune afin d’avoir la vision sans être à découvert et de me donner les indications adéquates.

Technique à l’ancienne car pas le choix vu que le matériel technologique était hors service et à double tranchant pour les néophytes, mais étant un vétéran, elle prit soin de ne pas faire miroiter notre position. Mieux, elle en profita pour faire refléter les rayons du soleil, aveuglant temporairement tout tireur d’élite, dans le camp adverse.

L’effet eut pour conséquence de nous faire gagner quelques secondes de répit, ainsi que sûrement d’avoir gêné l’ennemi auteur de la flèche tirée qui vint se planter dans l’épaule du blessé, ratant son cœur. Son délicieux cri de douleur a dû être perçu par les assaillants comme étant un râle à l’agonie. Dommage, j’aurai préféré qu’il soit achevé au lieu de me gêner.

Mais Zeph’ dirait sûrement que ce détail pouvait tourner à notre avantage. Je reconnais là, la fine stratège qu’elle était, son esprit toujours en ébullition même quand elle dormait. Après tout, nous sommes tous ses pantins de bois dans son échiquier de 64 cases. Parfois, je me demandais jusqu’à combien de coups, pouvait-elle anticiper à l’avance et quelle pièce de son jeu j’étais.

La seconde flèche décochée et enflammée n’avait pas l’air de surprendre Leader, ni moi d’ailleurs. Totalement prévisible car c’était exactement ce que nous aurions fait pour pouvoir écraser des parasites qui se seraient réfugiés dans le seul recoin hors d’atteinte.

Pour un regard extérieur, c’était un lob parfait. Pour mon œil aguerri, c’était un beau lob qui me confirma plusieurs points. Eu égard à la puissance délicatement retenue du tir, je dirai un faunus femelle dont la mission serait de nous capturer vivantes ou du moins la capturer vivante.

Les faunus mâles ne s’embarrassaient pas de ce genre de conditions et préféraient y aller de manière brutale et nous capturer plus mortes que vives que l’inverse. L’enjeu devait être important pour eux.

Quant à la trajectoire, l’archère avait pris instinctivement en compte le vent qui lui arrivait de face et avait ajusté son tir en conséquence. Ces fumiers avaient pris la peine d’engager une des meilleures dans son domaine donc rectification, l’enjeu devait vraiment être très important pour eux.

La rotation de la flèche indiquait qu’elle était sûrement droitière. La cadence de tir irrégulière trahissait le fait qu’elle se déplaçait mais relativement lentement pour une archère entrainée, sûrement gênée par l’enlisement dans le sable donc son poids.

Deux hypothèses s’offraient alors, soit cette sale faunus se trimballait un arc lourd de type poulie et pouvait couvrir théoriquement la même distance d’engagement que mon DMR, à savoir 300 mètres ce qui voudrait signifier qu’elle était assez éloignée, soit qu’elle était gênée par sa propre masse corporelle donc autres équipements lourds, et en possession d’un arc plus traditionnel avec une portée effective de 60 mètres ce qui me semble plus probable, ce qui voudrait dire qu’elle était toute proche.

Par ailleurs, je ne m’étonnais guère que ces arriérés de faunus utilisaient encore des arcs aussi peu performants et archaïques de nos jours. Enfin, je finissais ma rapide analyse avant que la flèche n’explose notre couverture rocailleuse, car je trouvais la précision de son tir précédent anormale exacte, comme si elle savait parfaitement où nous étions tapies, sa semblance sans doute.

Je ne pus m’empêcher de sourire malgré la gravité de la situation, sentant mon pouls s’accélérer sous le coup de l’adrénaline. Le combat allait devenir intéressant, car j’avais saisi le message qu’elle voulait me faire passer, une invitation à un duel entre expertes. Un peu ironique, en venant de quelqu’un qui nous avait pris par surprise, comme si j’allais répondre à sa provocation.

Je jetai un coup d’œil rapide à Zeph’ mais elle avait l’air d’avoir déjà compris que céder à la tentation de s’abriter dans la mine nous condamnerait, surtout avec la flèche d’avertissement plantée au milieu comme un panneau « Danger : interdiction d’approcher ». Quand je disais qu’elle lisait dans mes pensées… ce n’était pas pour rien que nous étions des binômes de longue date.

Je fermai les yeux en faisant confiance à ma partenaire, afin de ne pas être aveuglée par l’explosion comme d’une vulgaire grenade flash et préserver mes rétines pour l’action suivante sans avoir besoin de m’accoutumer de nouveau à la lumière naturelle.

La détonation retentit, mes oreilles sifflaient, n’entendant pratiquement plus rien, mais je n’en avais cure, j’avais connu bien pire dans l’opération pour [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], me jurant de ne plus jamais être déconcentrée et d’abattre ma cible quoi qu’il m’en coûtait.

Les flammes brûlantes léchèrent avec vigueur l’imposant Stormbreaker qui nous avait protégées de la déflagration. Le dos droit et rassurant de Leader devant moi, je n’éprouvai aucune peur, bien que la haine me rongeait, sans aucune pensée parasite que de vouloir d’abord éradiquer tous les faunus de Remnant qui gangrenaient notre Société, avant les Grimm. C’était devenu ma priorité absolue.

Sans attendre que la pluie de débris rocheuses retombe, ni toute cette poussière, je tirai en prenant tous les paramètres suscités en compte sans hésitation. En effet, j’ai préféré devenir sourde quelques instants pour garder mes mains en position sur mon arme, mon index sur la gâchette que de perdre du temps à me couvrir les oreilles. La fin justifiait toujours les moyens, autant ne pas lésiner dessus.

J’étais consciente que mon DMR n’équivalait pas un fusil de sniper, tant sur la distance de tir de 800 mètres maximum, que sur la possibilité d’augmenter le calibre des balles, mais j’appréciai sa polyvalence. En effet, sa cadence de tir plus élevée me permettait de gérer plusieurs cibles en même temps puisque semi-automatique alors que le fusil de sniper à verrou était inadéquat à notre escouade.

De plus, la capacité de chargeur du DMR était bien supérieure, pour l'opération 30 coups, il m'en restait encore une bonne quinzaine avant d’en changer. Je comptais bien terminer ce jeu immature de cache-cache en une dizaine de balles, voire moins par pur défi personnel.


Elle me permettait de ne pas avoir besoin de la ligne de vue du viseur télescopique, à ce titre purement décoratif pour tromper tout ce beau monde. Bien calée sur ma crosse réglable pour une meilleur ergonomie, le bipied à déploiement rapide solidement ancré dans le sable pour une précision optimisée, une meilleure stabilité et un recul réduit, j’activai alors ma semblance, contrôlant la poudre de ma balle qui fit soudainement un parfait 90°C. Qui avait dit que mon ennemie était la seule à savoir faire des effets avec ses projectiles ?

Ma semblance Powderbender nécessitait plusieurs conditions cumulatives. Un petit objet hermétique, contenant de la dust ultra raffinée en poudre, une importante énergie cinétique déjà en cours d’exercice sur l’objet en question et activable sur un seul objet à la fois.

Si j’assistai toutes les missions à haut risque de Zeph’, ce n’était pas parce que j’étais son ancienne coéquipière de la team Z.A.F.R, mais bien parce que j’avais fait mes preuves en tant que tireur d’élite émérite et ce n’était pas un vulgaire animal qui allait me tenir tête, jusqu’à la preuve du contraire, j’étais la Huntress. Pas l’inverse.

Si l’archère pensait que ça allait être si simple, elle se mettait ses flèches dans les yeux. Par ailleurs, peut-être que j’aurai l’opportunité plus tard de les lui enfoncer moi-même dans ses lobes pour la faire parler.

Après un petit moment, pensant l’avoir tuée, ou du moins salement amochée, j’aperçus une autre flèche en lob, ce qui m’étonna fortement. La trajectoire était régulière, preuve que je ne l’avais pas touchée… peut-être effleurée ? Qu’importe. J’aimai à croire que peut être c’était une feinte, qu’elle était mal en point d’où le temps nécessaire pour préparer cette flèche lobée et qu’elle voulait jouer avec mes nerfs.

J’allais devoir continuer les échanges, mais il fallait maintenant devenir inventive et pas forcément compter sur mon garde du corps de service pour arrêter tous les tirs, bien qu’elle avait réussi à saisir la flèche qui allait me meurtrir l’épaule de sa main gauche tout en gérant son poids mort de traître à la nation de l’autre.

En effet, je voyais bien Zeph’ du coin de l’œil s’impatienter l’air de me dire de me dépêcher à l’éliminer car si le traître se réveillait, elle devra l’éliminer, sans mentionner qu’elle voulait prêter main forte aux deux incapables en train de gémir et ramper, comme si nous avions besoin d’eux pour réussir notre mission, ils auraient dû périr dans l’explosion … Encore un coup de Leader. Sa bonté la perdra pour sûr.



Je tirai de nouveau, cette fois-ci en accélérant la rotation de la poudre à l’intérieur de la balle, lui donnant un effet lifté sur la gauche pour augmenter ma zone de frappe et contourner en rase motte la dune dans laquelle j’avais supposée être celle de l’archère, à défaut de l’avoir verticalement, je l’aurai horizontalement.

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Point de vue de Rose Sakura.

Je savais que ma balle n’avait pas fait mouche puisqu’elle ne rencontra aucune résistance et continua sa trajectoire en arc de cercle pour aller se loger directement dans la dune juxtaposée. Cependant, le temps que je lui avais permis pour répliquer avait déjà été largement grignoté.

Sans quitter mon viseur, je savais pertinemment que l’ennemi préparait un coup tordu, j’avais donc aussitôt réarmé mon tir afin de régler nos comptes. C’est à ce moment précis où j’entendis comme une forte aspiration, le vent avait changé de sens pour onduler, gonfler, et tournoyer fort. A moins que ce fût la chaleur et l’adrénaline qui me jouaient de mauvais tours ?

La dune qui me protégeait des tirs et des regards fut littéralement absorbée de l’intérieur pour laisser passer une flèche d’un calibre beaucoup plus gros. Honnêtement, je ne m’attendais pas vraiment à un procédé aussi direct.

J’étais bien trop préoccupée à répliquer d’un tir pour désagréger la flèche lorsque je vis trop tard que c’était un projectile à deux impacts. L’effet laser de la dust de vent n’était qu’un leurre, comme une contrefaçon technologique puisqu’au final, le résultat allait être du gros œuvre, des pâtés, des grumeaux, de la charpie. Rien de très glamour en somme.

Vous savez ce que j’exècre le plus chez ces animaux ? Leur manque de raffinement et leur déloyauté. Et c’était, une fois de plus, une preuve affligeante qui se présentait à mes yeux. A quel moment l’ennemi invitait implicitement le tireur adversaire à un duel qui, au final, n’en était même pas un, puisqu’il ne ressemblait à rien.

Bien évidemment, je n’avais pas répondu à la provocation et mon instinct avait bien fait. N’importe qui ayant eu un ego aussi surdimensionné serait tombé dans le panneau ou une foi inébranlable en ses capacités et je visais la personne qui se tenait derrière moi à me couvrir.

J’eus le réflexe de m’arracher de mon DMR avant que la flèche n’explose mon viseur, et ne désagrège la dune qui nous couvrait un court moment, dans une déflagration imitant un mini-ouragan. Je fus violemment projetée en arrière, les éclats de mon viseur m’avaient griffé la joue et l’arcade sourcilière, vu le sang qui dégoulinait à flot sur mon œil directeur, m’incapacitant un bref instant.

C’est avec une indicible rage que je vis l’être maléfique auteur du tir, à savoir une louve femelle d’une enveloppe corporelle qui m’horripilait et qui me regardait avec satisfaction, dans un grand sourire narquois … avant de tirer une flèche normale qui s’enfonça dans la chair de ma jambe.

Je pestais avant que mon dos ne cogne le torse de Zephyr qui me protégea des restes de projectiles des autres faunus qui avaient saisi l’occasion pour nous canarder de tout et n’importe quoi. J’aurai juré avoir même reçu un fruit pourri sur la bottine !

Au summum de l’outrage et du choc mental, que je réussis à surmonter avec une relative et étonnante rapidité, je fis un geste universellement compréhensible par tous, même s’ils ne savaient pas parler notre langue, en fermant mon poing et levant uniquement mon index, avant que la dune ne se reforme un peu moins uniforme.



Avant de me taire, parce qu’en parlant du loup sans mauvais jeu de mots … l’archère se trouvait juste dans le dos de Zephyr, une flèche dans les dents, et deux yeux rouges globuleux. Encore une histoire de vengeance ?! Ils ne pouvaient pas changer de registre afin de diversifier leur propos ?

De toute façon, Leader l’ignora royalement, plutôt préoccupée par mon état. A vrai dire, j’avais juste envie de hurler de douleur et de me rouler jusqu’à mon lit. Je tenais la flèche qui avait traversé l’entièreté de ma cuisse pour la briser de part et d’autre en hurlant de rage pour cacher ma douleur physique.

Je ne pouvais vraisemblablement plus que clopiner et contrairement à ma coéquipière, je n’avais pas une aura aussi fantastique et polyvalente que la sienne. Zephyr me demanda avec une certaine inquiétude dans la voix si je pouvais continuer et essuya presque tendrement le sang qui avait commencé à coaguler sur mon œil.

Je la voyais bien que je la gênai et j’hochai la tête pour conserver mon énergie. Je pouvais continuer, tant que j’avais des balles et au moins un œil valide. Son visage s’était refermé et je constatai avec une certaine satisfaction, l’irritation qui animait ses traits fins et altiers.

La faunus avait réveillé un sentiment enfoui au fond de la Eolynn. Un sentiment qui se tapissait et rampait dans l’obscurité, et qui se nourrissait d’autres sentiments négatifs. Une émotion forte mais encore contenue : une froide et noire colère.

Leader s’était retournée, sa cape claquant dans le vent, et elle me jeta l’otage et mon DMR dans les bras, pour lui répliquer sèchement :



Son arme Stormbreaker était prêt à se transformer. Cela tombait bien, la mienne également.

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Lorsque leur ennemi s’était dévoilée à contre-jour, Zephyr avait commencé les pourparlers pour faire gagner du temps à Rose, afin qu’elle puisse armer son tir. L’officier était assez surpris de la corpulence de la faunus, pensant que c’était une brute épaisse plutôt qu’une femelle aux formes trop généreuses.

La militaire n’avait pas réellement compris la raison de la faunus de s’être ainsi montrée ostentoirement, comme si c’était une erreur, qu’elle avait été trop emballée par son élan et son excitation du combat pour analyser correctement certaines informations.

A moins que c’était une feinte, dans tous les cas, maintenant que Zephyr avait identité son objectif, il ne lui faudra plus beaucoup de temps pour l’éliminer. Elle allait amorcer une offensive, parce que se regarder dans le blanc des yeux à ne rien faire n’était pas véritablement son domaine.

Lorsque l’archère répliqua moqueuse afin de provoquer Rose, puis dévoila fièrement une poitrine que la Eolynn pourrait qualifier de hors normes au point d’avoir de sérieux doutes sur leur aspect naturel. Geste que l’Héritière trouvait complètement puéril et futile et allait déployer son arme pour viser son cœur.

Taxe de sang ou pas, elle n’allait pas attendre la fin de sa courbette qui suintait l’ironie et le sarcasme pour l’empaler. En même temps, dans son dos, la Huntress sentit l’aura meurtrière de sa coéquipière englober l’atmosphère, et se baissa rapidement, pour éviter d’être prise entre deux feux.

Le coup de pompe partit immédiatement pour toucher la louve avant que celle-ci ne réponde en tirant rapidement une flèche sur Rose. Zephyr arrêta la transformation de son arme, pour la remettre à l’état initial, et allait s’interposer entre la flèche massive et sa cible lorsque le projectile dévia soudainement comme téléguidé.

Comprenant immédiatement l’artifice, la Huntress vociféra un ordre à l’attention du spotteur afin de le prévenir et il eut juste le temps de mettre ses bras pour se protéger bon gré mal gré ce qui lui évita de mourir sur le coup, bien qu’il fût passablement touché et gardera des séquelles à vie s’il s’en sortait vivant d’ici là.

Bien entendu, la militaire ne croyait pas un seul instant que la faunus avait la même semblance que la diva Sakura, ou alors c’était une sacrée coïncidence et devina qu’elle possédait des flèches spécifiques bien que son carquois fût dorénavant vide.

Zephyr nota que la louve avait une très bonne intuition d’assassin car même dans le feu de l’action, pouvoir repérer les liens particuliers entre individus et s’en servir pour feinter n’était pas chose aisée. L’animal lécha le bout de sa flèche ensanglantée et une lueur rouge s’alluma dans ses yeux.

Preuve que sa semblance s’était activée. Son regard était malsain, presque dérangeant. L’avertissement était clair, au prochain round, l’affrontement sera plus violent. Elle disparut comme elle était venue, pour s’afférer à récupérer ses munitions sans aucun doute.

La militaire se força à garder la tête froide. Elle ne pouvait pas la suivre car c’était risquer de perdre son équipe. Et privilégia la réussite de la mission. Elle ne pouvait transporter que deux personnes et lança une directive par des signes de la main dans un code spécifique, au spécialiste de l’explosif qui avait bombardé à l’aveugle durant tout ce temps, empêchant les autres faunus extrémistes de s’approcher d’eux.

Le spécialiste allait devoir récupérer le poids mort qu’était le spotter qui avait perdu connaissance. Rose pouvait encore se battre bien que sa mobilité lui ferait grandement défaut. Les tirs de suppression et les fumigènes devraient leur permettre de gagner assez de temps pour sortir de la distance théorique atteignable par les flèches sans être touchés.

Peut être que leurs ennemis étaient plus nombreux, mais ils ne valaient clairement pas une escouade surentraînée et bien organisée même si la situation semblait tourner à leur défaveur.

Le traître jeté comme un sac de pommes de terre sur l’épaule gauche, tandis que son bras droit était totalement monopolisé, puisqu’elle portait Rose, Zephyr enclencha l’opération exfiltration de l’escouade.

Son tireur d’élite était bien calé dans le creux de son bras et surveillait les moindres faits et gestes. Même si cette dernière n’avait plus de viseur à grossissement x16, elle l’avait remplacé par celle d’une arme en x8 qui ferait très bien l’affaire pour couvrir suffisamment leurs arrières.

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Malgré les fumigènes, les flèches tirées fonçaient sur la troupe d’élite atlésienne.

Il s’ensuivit un duel retour entre les deux combattantes à distance. La difficulté pour Rose était de viser au dernier moment, lorsqu’elle percevait la tête de flèche, car la fumée présentait à la fois l’avantage et l’inconvénient d’être opaque pour les deux camps.

Prenant une profonde respiration, la diva fit le vide dans sa tête, tâchant d’ignorer la douleur qui la faisait tant grimacer et bloqua ses poumons pour amorcer ses tirs d’interception.

Sa balle perforante traversa la première flèche dans toute sa longue, d’une maîtrise parfaite sans user de sa semblance. Pour la seconde, Rose réussit à dévier la trajectoire en provoquant une friction naturelle de sa munition sur le corps torsadé de la flèche.

Mais le tempo était de plus en plus serré. Recharger, viser, tirer, sachant qu’à chaque pas de sa porteuse, elle devait réajuster sa visée, parfois en tirant en comptant sur son instinct et ses réflexes. Surtout que leur formation était loin d’être parfaite, sans compter qu’elle devait changer de chargeur lorsqu’il était vide.

D’ailleurs, plusieurs flèches arrivèrent en même temps. Zephyr dût jouer de son agilité pour esquiver les flèches que Rose ne pouvait intercepter avec ses balles.

Sentant que la situation allait échapper des mains de Sakura, sa foulée devient plus rapide et puissante. Habituée à se mouvoir dans des conditions extrêmes et des terrains difficiles, la militaire avait adopté une technique pour ne pas s’enfoncer dans le sable, semblable à sa neige natale.

Au lieu de mettre tout son poids en le répartissant sur la totalité de la surface plantaire, elle se mouvait sur la pointe des pieds, comme un sprinteur afin d’avoir le moins d’adhérence possible avec le sol sablonneux.

Son équipement semblait être un handicap naturel surenchérit par ses deux poids morts mais Zephyr attendait d’être sortie de la zone d’action de l’archère pour pouvoir changer la fonctionnalité de son arme et ne plus avoir à l’utiliser comme un bouclier.

Et pour arranger la situation, les tirs de Rose comportaient un recul important, posée sur son épaule, l’élan donné lui ferait presque pousser des ailes même si le style peu cavalier commençait à lui scier sérieusement le bras, ses muscles crispés et bloqués pour stabiliser la visée et ne pas lâcher son assistante.

Une question la taraudait pourtant. Comment faisait cette engeance malsaine pour savoir précisément où son soldat d’élite et son spotteur se trouvaient ? Était-elle paranoïaque ou avait-elle l’impression que la louve arrivait à ne viser qu’eux ? En effet, pas une seule trajectoire de flèche correspondait à leur emplacement et s’il n’y avait pas l’officier Sakura, elle n’aurait pas donné chère de la peau de ses soldats.

Soudain, ils chutèrent, le sable s’était affaissé autour d’eux. Un trou géant commençait alors à se former, faisant glisser une quantité de sable incommensurable. Zephyr faillit perdre l’équilibre, ses solides jambes manquant de se dérober sous les dunes instables qui fondaient aussi vite que neige au soleil.

Elle jeta un rapide coup d’œil en arrière, bien que leur écran de fumée s’était dissipé, ils étaient pour le moment hors d’atteinte des flèches. Le constat était sans appel, la circonférence de ce cercle ne cessait de grandir et engloutissait aussi leurs agresseurs qui hurlaient, effrayés.

Et avant que la haut-gradée puisse partager ses ordres à son groupe, optant pour l’imaginable, qui se produisit : un Grimm Alpha jaillit de toute sa superbe dans un sinistre cri qui déchira les tympans de toute personne possédant l’ouïe.

L’héritière Eolynn en avait déjà vu, dans ses manuels lorsqu’elle étudiait encore à l’académie d’Alsius. Jamais elle n’aurait pensé en voir en vrai, et pas de cette taille là non plus. Pour l’instant, il n’y avait que la tête du Ver qui dépassait, ses crocs acérés étaient aussi épais qu’un être humain de corpulence moyenne et idem pour la taille.

La Huntress entendit Rose pousser un juron, recharger mécaniquement son arme, et attendait ses ordres. La militaire avait stoppé sa course nette, l’adrénaline faisait tambouriner son cœur, sachant que si elle n’avait pas accéléré, ils auraient tous été engloutis dans le sable, dévorés par le Ver.

De ce que Zephyr pouvait savoir d’eux, c’était qu’ils fonctionnaient comme le King Taijitu, à savoir qu’ils possédaient une tête à chaque extrémité pouvant en outre cracher de l’acide et que leur unique œil rouge brillait d’une intense couleur… Sauf que celui-ci avait la particularité de ne plus avoir d’œil…

La mission était déjà un fiasco, et prenait maintenant une tournure apocalyptique. Les puissantes explosions dans la mine et tout ce remue-ménage sur le sable avaient certainement dû attirer le Ver devenu aveugle et se repérait avec les sons sous le sable. Bien sûre ce n’était que des hypothèses, mais qui se confirma très vite.

Paniqués, les faunus hurlaient et fuyaient. Le Ver se retourna donc pour se diriger vers eux avec une vitesse fulgurante, gueule béante, tout en empalant déjà certains sur ses crocs.

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Ses deux soldats d'élite étaient quelque part dans le sable, ensevelis très certainement par le Ver mais pas encore morts.

Son scroll affichait leurs signes vitaux, et bien que mal en point, leurs cœurs battaient toujours. Au regard réprobateur de Rose, Zephyr savait qu'elle avait lu ses pensées.



Faisant la sourde oreille, la militaire déposa son officier blessé à la jambe ainsi que le paquet à livrer au tribunal militaire d'Atlas.



La Huntress courut en sens inverse et déploya enfin son arme.

Chaque vie atlésienne était précieuse. Quel modèle envers les citoyens atlésiens projetterait-elle, d’une Huntress d’Alsius fuyant un Grimm ?

Quel leader ferait-elle si elle abandonnait ses hommes et préférait se sauver ? Leurs sacrifices n'étaient pas envisageables bien que c'était toujours un privilège de périr pour protéger une Eolynn.

Il y avait des priorités dans la vie qui ne pouvaient se reconsidérer. L'héritière n'avait même pas hésité une seule seconde à aller porter secours à ses hommes.

De toute façon, profiter que le Ver soit distrait par les faunus pour fuir était une option bancale, car s'il n'y avait plus de faunus, le Ver Alpha les retrouveraient tôt ou tard.

De loin, Zephyr pouvait voir l’archère se débattre avec le Grimm, la rejoindre ne l’enchantait absolument pas, mais si la faunus louve tentait quoique ce soit dans son dos, la militaire pouvait compter sur les compétences de l’officier Sakura pour l’en dissuader.

Apparemment, la louve avait du mal à percer les défenses brutes du Grimm. Plus la militaire avançait et plus son scroll indiquait que les soldats n’étaient pas dans le sable comme elle le pensait au début mais pointait directement vers l’Alpha, tous crocs sortis.

Avalant les derniers mètres, elle activa sa semblance, prit son élan pour courir à la verticale sur le Ver sans ralentir l’allure et … se fit gober par le Ver.

La scène n’avait aucun sens, mais les plus experts des Grimms vous diraient qu’ils ont toujours un point faible.

Zephyr avait appliqué cette logique de façon pragmatique. Si le Grimm était intouchable de l’extérieur, autant aller le détruire de l’intérieur. De plus, il fallait qu’elle retrouve ses soldats dans ses entrailles.

Stormbreaker dans sa forme complète était une épée à quatre lames rotatives, elle espérait juste que le hachis de Grimm n'en attirerait pas d'autres.

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Après une longue glissade dans le gosier du Ver, ses pieds touchèrent enfin un semblant de surface solide même si pour être plus exact, ce solide était d’un visqueux tel qu’il était ardu de s’y mouvoir correctement.

La pénombre était d’un noir si profond qu’il semblait comme aspirer toute source de lumière. Seul brillait faiblement l’écran de son scroll. Ne s’attardant pas sur place, Zephyr pressa son pas pour aller chercher ses deux soldats d'élite sans courir, ignorant ce qui lui réservait le dédale d’intestins si elle pouvait qualifier certains endroits du lombric grimm.

La militaire se forçait à ne plus réfléchir, son regard fixé au loin, son bras droit devant elle pour se protéger des filaments flasques qui dégoulinaient. Après quelques minutes qui lui parut des heures, des relents acides lui saisirent les narines et elle manqua de suffoquer.

Le bip régulier de son scroll pointait une zone légèrement plus éloignée. Il fallait s’enfoncer encore plus profondément dans les entrailles qui gigotaient. Apparemment, les faunus dehors combattaient avec acharnement, parce que le Ver se mit à bouger de façon sporadique, au point où la militaire faillit perdre l’équilibre si son arme ne lui avait pas servi d’appui.

En recherchant bien, la haut-gradée trouva une paire de chaussures typique de la dotation militaire atlésienne sous un monticule d’amas non identifiés, et trancha dans la bouillie purulente pour extirper l’un de ses soldats.

C’était l’expert en explosif, il avait perdu connaissance, et l’acide avait commencé à attaquer sa peau, en faisant des trous béants dans sa tenue pourtant renforcée.

Zephyr sentait également son aura palper, la protégeant de l’environnement hostile. Une chance qu’elle en soit autant dotée, mais il était certain que même elle n’allait pas élire cet endroit en guise de villégiature.

L’autre soldat fut plus compliqué à extirper, ses membres blessés étaient déjà en train de fondre, la chair totalement mise à nue jusqu’à l’os. Elle vérifia son poulps qui était à peine perceptible. C’était clairement un poids mort, et d’un point de vue pragmatique, il valait mieux l’achever ici que de l’extirper de la situation.

L’Etat-Major ne lui en voudrait pas d’avoir sauvé un camarade plus opérationnel qu’une cause perdue. Cependant, l’héritière Eolynn n’était pas de cet avis-là. Une vie était une vie. Et vu les services que ce combattant avait rendu à la Nation, il était de son devoir s’il ne survivait pas de ramener au moins l’enveloppe corporelle à sa famille, afin qu’ils puissent lui offrir une sépulture digne d’un opérateur d’élite.

C’est à ce moment précis que les doutes qu’elle avait pris soin d’ignorer, l’assaillir en lui grimpant les jambes, la tétanisant presque dans ce noir d’encre. Des doutes et des peurs qui étaient profondément enfouis, et commençaient à se réveiller à cause du Grimm avant que son instinct de survie reprenne le dessus.

Repensant à sa famille, à ces rares moments où sa mère passait du temps avec elle et son père, à ses anciens coéquipiers de l’académie d’Alsius, à sa Nation et ces magnifiques paysages enneigés, la militaire s’arracha du cauchemar vivant, se giflant mentalement.

Comment sortir le plus vite possible de cette situation ? Il n’y avait qu’une seule solution, créer une brèche et s’extirper avant que la plaie ne se referme. Faisant tournoyer son arme, le pied bien calé contre une paroi plus ou moins visible, et tenant de l’autre main son scroll pour éclairer la surface, Zephyr choisit le moyen le plus raisonnable de se sortir de ce bourbier.

Quand soudain, elle sentit comme une présence dans son dos, et du coin de l’œil, perçut deux yeux rouges briller dans le noir sidéral : la faunus louve.

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Zephyr sentait que l’aura d’agressivité de son attaquante s’était voilée pour le moment, trop préoccupée à se frayer une sortie elle aussi. Des gouttes de sueur perlaient sur son front alors que ses habits étaient grignotés par l’acide, dévoilant un peu plus de ses généreuses formes.

Apparemment, elle subissait de plein fouet l’environnement hostile du Grimm Alpha, comme quoi, la nature n’était pas égale pour tous … visiblement motivée à venir chercher le berger et ses moutons jusque dans les entrailles de l’enfer.

La militaire réprima son envie de lever les yeux au ciel, face au commentaire empli de jugements de la faunus. Il était dans ses habitudes de ne pas répondre à la provocation, juger les actes des autres sans être dans sa position était d’un puéril qui la dépassait.

Qu’elle parle, et perde le peu de souffle qu’elle avait encore si ça lui chantait. A trop en dire, la femelle finissait par laisser échapper des indices volontairement ou non sur ses véritables intentions.

Ce n’était donc pas une mission d’assassinat mais plutôt une mission de capture de HVT, en l’occurrence la faunus venait la chercher elle. La haut-gradée pouvait couper tout lien avec le Culte qui cherchait activement à attenter à sa vie à plusieurs reprises, à moins qu’ils aient changé leur fusil d’épaule.



Sur ses paroles pragmatiques, l’atlésienne raffermit sa prise sur le manche de son épée qui vibra dans un bruit mécanique pour se transformer en une imposante claymore, le métal froid contrastant avec la moiteur de sa main gauche.

Pendant ce temps-là, l’assassin à ses trousses se mit en action et lui offrit une cible plus visible pour faire des dégâts étendus après une explosion de dust de feu qui arracha une grosse partie de chair qui allait lui poser difficulté et lui demander plus d’efforts que de nécessaire. Parfait, Zephyr pouvait conserver ses forces pour se débarrasser de la louve plus tard.

C’était à se demander si elle était vraiment là pour la capturer ou pour qu’elle s’échappe. Ce n’était pas comme si l’Héritière Eolynn éprouvait un quelconque état d’âme à lui faire échouer sa mission. Chacun ses problèmes après tout.

Alors que les braises de dust de feu rougeoyaient encore dans la chair noire du Grimm Alpha, la Huntress s’en servit comme d’unique source lumineuse pour ranger son scroll, se reculer de quelques pas et ajuster sa force suivant l’élan qu’elle allait prendre.

Saisissant la pointe d’adrénaline qui fourmillait encore dans ses veines, la militaire fit blanchir ses jointures et d’un geste précis abattit son arme dans une pure brutalité, utilisant son élan et la force ancrée dans ses hanches, ses muscles de bras pour accentuer la puissance de l’impact.

L’onde de choc fit littéralement imploser la paroi, dans un bruit de chair violemment broyée, créant une brèche irrégulière d’une circonférence surprenante.

Le Ver se tordit dans tous les sens de douleur, éjectant les intrus par la même occasion, Zephyr en profita pour lancer sans ménagement les deux soldats mal en point vers Rose.

Dans le ciel bleu, la militaire voyait un résidu de fumée rouge qui s’était presque dissipée. Il semblerait que son officier avait tiré un flair pour appeler des renforts, ce qui n’était pour une fois pas de refus, même si la militaire maîtrisait encore la situation bien que la mission avait pris une tournure des plus folles.

Si la faunus mettait toujours un point d’honneur à se mettre dans son dos et dans son angle mort, la Huntress s’arrangeait toujours pour la placer là où son sniper pouvait l’avoir parfaitement en ligne de mire.

Débarrassée de ses deux poids morts, et toujours dans les airs, l’atlésienne fit une torsion du buste pour achever le Ver qui l’avait prise en grip, furieux alors que sa blessure commençait déjà se résorber.

Profitant que la blessure n’ait pas totalement disparue, la militaire se servit cette fois ci de toute sa force disponible pour plonger sa lame dans la plaie pour la rouvrir, puis elle laissa le soin aux lois de la gravité pour parfaire son œuvre en faisant une entaille naturelle qui trancha à moitié la créature des ténèbres.

Encore un petit effort et le tronc allait se détacher de la queue par ce qui aurait ressemblé à des entrailles.



Avant d’atterrir dans une dune jusqu’aux genoux, et de s’enliser dans le sable pour quelques secondes.

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La Huntress atlésienne savait parfaitement qu’elle ne risquait pas grand-chose pour le moment avec la carquois complètement vide de la faunus louve et les soldats étaient plus ou moins sécurisés, à savoir à bonne distance du Grimm ainsi que de cette sorte de prédatrice aux voluptueuses formes qui commençaient à fondre en même temps que ses vêtements.

Son adversaire coopéra temporairement, en hurlant elle ne savait trop quoi, et brisa son arc rageusement, ce qui étonna grandement la militaire.

Se désarmer volontairement était un acte profondément irréfléchi et d’une sottise digne des faunus.

Mais l’Héritière Eolynn n’allait pas se plaindre, ses attaques longue portée n’étaient plus un danger pour son équipe, et elle va pouvoir partir l’esprit tranquille de toute approche mortelle à distance.

Elle surveilla avec attention que l’autre accomplissait le pacte tacite de non-agression qui s’était mutuellement installé entre elles pour mettre hors d’état de nuire le Grimm Alpha.

Ce dernier poussa un ultime hurlement d’agonie avant de s’écrouler, soulevant une tonne de sable avant de s’évaporer sous les rayons implacables et impassibles du soleil.

Mais sa mort attira plus vite que prévu d’autres Grimms plus menus même si leur nombre dépassait la supériorité numérique des faunus et humains encore présents et vivants.

Alors que Zephyr avait réussi à sortir une de ses jambes et prendre appui sur celle libérée pour extirper l’autre, en misant tout son poids dessus, l’air s’était soudainement appesanti.

L’atlésienne en eut la chair de poule, ses petits cheveux sur sa nuque s’étaient hérissés comme un sixième sens avant qu’une ombre menaçante assez compacte pour lui laisser deviner l’identité de l’agresseur, plongea sur elle.

Dans un moment de pure bestialité, tous crocs et griffes sortis dehors, la louve faunus avait profité de son enlisement de quelques secondes dans le sable pour l’attaquer pile dans l’angle mort de la vision de Rose Sakura qui ne pouvait l’atteindre sans blesser sa supérieure.

La haut-gradée avait déjà assez combattu à mains nues contre des prédateurs qui l’avaient traqué dans les montagnes de Solitas, durant ses expéditions pour savoir lire dans les yeux d’une bête qu’elle était affamée.

De féroces animaux qui attendaient patiemment la nuit pour passer à l’action, essentiellement des loups et plus occasionnellement des ours pour des raisons plus territoriales. Après tout un humain était un danger pour leurs progénitures.

À la vue de ces iris jaunes, la Huntress avait conclu que l’animal qu’était devenu son assassin était ostentatoirement animé par des besoins compulsifs primitifs irrépressibles.

Dans un ultime geste de préservation, la militaire sortit son scroll pour la lui enfoncer dans la bouche, comptant sur l’action mécaniquement de la mâchoire pour que ses crocs viennent se resserrer automatiquement autour et neutraliser sa morsure pour un court laps de temps.

En même temps, avec une souplesse forcée donc relativement inhabituelle pour son propre corps, elle évita les lacérations de la paire de griffes venant de sa droite, qui fouettèrent violemment l’air, lui raccourcissant au passage quelques mèches de cheveux et fit grincer ses côtes sous la vitesse de l’exécution de l’esquive.

Avec un cri de combativité, l’Héritière Eolynn para la paire de griffes venant de sa gauche avec sa claymore, les faisant glisser tout le long de sa lame dans un bruit de crissement métallique strident et duquel jaillissaient des étincelles.

Le visage de la louve se trouvait dorénavant à moins d’un centimètre du sien, sa salive dégoulinant sur sa joue, avide de faire couler le sang de sa proie.

Le précieux temps gagné par son scroll désormais définitivement hors d’usage, lui permit de d’extirper tant bien que mal sa seconde jambe du sable et de faire basculer tout son être en semi-roulade arrière, dans un combat au corps à corps, soulevant la faunus avec sa force naturelle et présenter le dos de l’assassine à son sniper alors que les deux glissèrent le long de la dune.

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