Eirwen est née à Mistral... Ou du moins, c'est ce qu'elle pense. Car elle n'a aucun souvenir de ses parents, et elle ignore donc d'où elle vient réellement. Tout ce qu'elle sait, c'est que c'est à Mistral qu'elle a grandit.

Orpheline, Eira a été "recueillie" par une famille humaine. A vrai dire, les moments passés avec cette famille sont les souvenirs les plus anciens dont elle soit capable de se remémorer... Et ce ne sont pas spécialement de bons moments.

En effet, la Faunus ne fut pas recueillie par sympathie, mais pour être la "bonne à tout faire" de la maison. Chose qu'elle se trouva vite obligée de faire, malgré le fait qu'elle n'avait que six ans à l'époque.

Une vie pouvant aisément définie comme étant un calvaire commença alors pour la fillette. Les tâches se succédaient, et le moindre écart de conduite d'Eira, ou la moindre tâche pas assez bien exécutée au goût du commanditaire, était sanctionnée par des coups... Généralement, des coups de fouet. Elle en porte d'ailleurs encore la trace aujourd'hui, dans son dos, mais aussi sur ses bras, avec lesquels elle avait vainement essayé de se protéger à plusieurs reprises.

La cicatrice barrant le dos d'Eirwen a été causée par le père de la famille : après qu'il eu profité d'une fête plutôt alcoolisée, il utilisa une lame aiguisée afin de lui infliger cela "sans se rendre compte de ce qu'il faisait" comme il se justifierait plus tard.

Eirwen eut cependant un peu de chance, dans son malheur... En effet, une Faunus plutôt âgée - et considérée comme étant la matrone des esclaves de la famille noble pour laquelle "travaillait" Eira - soutint la jeune muette.

Il n'était pas rare que la Faunus Renarde vienne s'occuper de la fillette le soir, une fois sûre que les maîtres de la maison se soient endormis. Une fois avec elle, elle consolait la fillette en pansant les blessures causés par les coups de la famille de la noblesse.

Malgré la certaine connaissance de la Faunus au sujet des herbes médicinales, elle ne parvint cependant pas à effacer les marques de la fillette. Si les autres ont été un peu atténuées, la cicatrice semblant couper le dos d'Eira en deux reste, encore aujourd'hui, la plus visible de toutes.

Sans la Faunus Renarde, Eirwen n'aurait certainement pas tenu le coup. La Faunus fut le point d'ancrage d'Eira pendant quatre longues années. Elle était la seule avec laquelle la fillette se sentait à sa place, acceptée. Elle était la seule qui lui apportait un peu d'espoir dans le monde peu joyeux dans lequel elle grandissait.

Alors, lorsqu'une maladie - contre laquelle elle se battait depuis quelques années - finit par emporter la Faunus, le monde d'Eirwen s'effondra.

Sans attache, sans but, la fillette de dix ans prit alors la fuite, échappant à la surveillance des nobles pour se retrouver dans les rues de la ville.

Ce n'est que lorsqu'elle se retrouva entre les bâtiments de la cité que la fillette prit conscience d'une chose : elle ne pouvait pas faire machine arrière. Les nobles ne lui pardonneraient pas sa fuite.

Elle commença donc à errer sans but, en rasant les murs des maisons pour éviter de trop attirer l'attention...

Deux jours. Deux jours qu'elle passait d'une rue à l'autre sans savoir quoi faire. Mal à l'aise, elle faisait de son mieux pour éviter les rues trop peuplées, et évitait le regard des autres personnes. En plus, comme fait exprès, Eirwen ne croisait que des Humains... Et autant dire que ça ne l'aidait pas vraiment à se calmer.

Tandis qu'elle s'engageait dans une nouvelle rue, la fillette resserra sa prise sur le morceau de tissu qu'elle avait "emprunté" la veille. Eira l'avait pris pour en faire une sorte de cape et ainsi masquer ses ailes, après avoir remarqué que les Humains les regardaient avec insistance. Elle ne savait pas trop ce que leurs regards signifiaient, mais puisque qu'elle n'avait pas croisé de Faunus depuis qu'elle vagabondait, Eirwen se dit que cacher qu'elle en était une serait mieux.

Son estomac - vide depuis son départ - protesta bruyamment, et la fillette grimaça en vacillant un peu. Elle n'irait pas loin si elle n'avalait pas quelque chose.

- "Que fait une fillette seule dans les rues de la ville ? Tu t'es perdue ?"

Sursautant, Eirwen regarda autour d'elle pour tenter de voir son interlocuteur. Ses yeux bleu-gris plissés, la fillette analysa les ombres s'ouvrant face à elle, mais elle ne remarqua rien dans la pénombre.

Une certaine peur commençant à lui serrer le ventre, Eira recula d'un pas, le regard fixé sur les ombres d'où provenaient la voix.

Un rire s'éleva, tandis que son regard percevait enfin du mouvement dans les ombres : quelqu'un se décalait du mur contre lequel il s'appuyait jusque là. Un homme vêtu de noir s'avança dans la faible lumière du soleil parvenant dans la ruelle, et Eirwen eu un nouveau mouvement de recul.

Pourtant, malgré sa peur croissante, la fillette s'obligea à rester immobile tandis que l'inconnu la détaillait du regard. A voir l'ombre qui passa dans son regard, le fait qu'elle porte des vêtements d'esclave ne lui échappa pas, et son expression - jusque là sévère - s'adoucit un peu, de même que sa voix.

- "De ce que j'ai entendu, tu as faim, non ?

Un peu perturbée par le changement d'attitude de l'homme, Eirwen baissa le regard, avant d'hocher la tête. Elle l'entendit alors approcher, et tenta de reculer. Cependant, son corps fatigué refusa de l'emmener plus loin, et elle bascula en arrière.

Sa bouche s'ouvrit sur un cri muet, mais la fillette n'atteignit jamais le sol. L'inconnu s'était élancé pour franchir la distance les séparant, et l'avait pris dans ses bras, l'empêchant de terminer sa chute sur les pavés sales de la ruelle.

- "Eh bien eh bien... Calme-toi, je ne vais rien te faire."

Paniquée, la fillette commença à se débattre, mais ses tentatives témoignaient de sa faiblesse actuelle, et l'homme resserra doucement sa prise sur elle.

- "Calme-toi... Tu va finir par te blesser..."

Prenant une inspiration tremblante, Eirwen cessa de lutter. De toute façon, elle ne pouvait pas s'opposer à l'homme, qui était bien plus fort qu'elle.

Le regard de l'inconnu se porta sur un point, dans son dos, et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elle avait lâché sa cape pendant qu'elle tombait, dévoilant ses ailes.

Instinctivement, la fillette commença à remuer, tentant de masquer ses ailes comme elle le pouvait, mais l'homme la maintint immobile, afin d'éviter qu'elle ne se fatigue davantage et finisse par se blesser.

- "Tu n'as pas à les cacher devant moi. Je vais t'aider. Entre Faunus, il n'est que justice de s'entraider, non ?"

Eira leva le regard vers lui, et remarqua enfin la particularité des yeux de l'homme. Il possédait des yeux de chat. Il s'agissait d'un Faunus félin.

Eirwen se détendit presque immédiatement. Il était comme elle. Elle n'avait plus rien à craindre.

L'homme lui sourit en remarquant qu'elle semblait plus calme, avant de se relever, tandis que la fillette se calait contre lui. La fatigue accumulée pendant ces derniers jours finissant par avoir raison d'elle, Eirwen finit par s'endormir.

Et c'est ainsi que la nouvelle vie d'Eirwen commença.

Le Faunus l'ayant prise sous son aile ce jour-là était en réalité un bandit, vivant dans les quartiers sombres de la ville. Les années passèrent, et le Faunus s'occupa d'elle. Il lui enseigna à lire et à écrire, ainsi que le maniement des armes. C'est aussi lui qui - grâce à la maîtrise de son aura - débloqua l'aura d'Eirwen, qui pu ainsi découvrir sa semblance quelques temps plus tard.

Il s'avéra cependant que, si elle avait un certain talent dans le maniement d'une épée et d'un bouclier, elle était bien incapable d'utiliser d'autres armes, et son entraînement fut donc concentré sur l'apprentissage du combat à l'épée allié à l'utilisation d'un bouclier.

Le jour de ses quinze ans, le Faunus félin lui offrit l'arme qu'elle utilise encore aujourd'hui : l'épée que l'adolescente nomma Falchion. Le fourreau de celle-ci étant capable de prendre la forme d'un bouclier, cela s'adaptait pleinement au style de combat d'Eirwen.

Alors qu'elle entrait dans sa dix-huitième année, la jeune femme entendit parler du White Fang, une organisation uniquement constituée de personnes comme elle, militant pour l'égalité entre Humains et Faunus.

Il va sans dire qu'Eirwen partit à la recherche de cette orgagnisation, et elle se rendit donc à Vale afin de la rejoindre.

Aujourd'hui, elle fait partie de la branche de l'organisation s'occupant d'aider les Faunus victimes de harcèlement ou de violence.