Kaitlynn est originaire du Sud-Est du continent insulaire de Solitas. Née dans une petite colonie à l'orientation principalement minière, tout juste formée autour d'un filon plutôt conséquent de Dust, on peut littéralement dire qu'elle est venue au monde au centre de la terre, pioche en main. En effet, venue au monde prématurément, avec un petit mois en avance au grand damne de sa mère, c'est dans les tréfonds d'un tunnel minier qu'elle a vu le jour, au milieu de la roche et du métal, de la sueur et du grondement retentissant des boyaux sous-terrains qui se déchirent, couvrant le dur labeur des hommes et des femmes alentour de son tout premier cri de nouveau-né, preuve de sa vigueur à venir, malgré une constitution relativement faible en apparence. On disait même qu'elle ne tiendrait pas la fin de la semaine, seulement, la tête de mule qu'elle est aujourd'hui ne devait pas l'entendre de cette oreille puisque, contre toute attente, avec beaucoup d'attention, de soins mais surtout d'amour, elle dépassa largement ce cap fatidique, prouvant aux yeux de toute la communauté qu'elle aurait la force nécessaire pour survivre à ce monde rude et hostile. Et puis, personne n'irait refuser du sang neuf qui viendrait plus tard grossir le rang des ouvriers et, en plus de cela, qui pourrait elle-même engendrer les générations futures.

Dans ce petit village, la vie n'était pas facile tous les jours. En effet, en plus du froid constant qui régnait, tout le monde en âge de tenir un outil sans s'assommer était mis à contribution, chacun ayant un poste dans les mines ou la forge, et un cotas bien précis à respecter. Même si l'on était plus indulgent pour les jeunes enfants, toute faute ou incident de la part d'un adolescent ou d'un adulte était fortement réprimandé. Kait, anormalement énergique et vigoureuse  pour une fillette, fut assignée dès l'âge de dix ans au transport et au recensement des cristaux de Dust et autres minerais en provenance des mines. Bien que ce travail était loin d'être plaisant, la jeune fille ne se plaignait jamais, passionnée  et attirée depuis toujours par cette substance brillante et rassurante qu'elle adorait manipuler, laissant rarement passer une occasion d'en piquer quelques-unes au passage pour les ramener chez elle, rassemblant ainsi son « petit trésor » auquel elle tenant autant que la prunelle de ses yeux. Heureusement pour la jeune enfant, elle avait aussi deux parents attentifs et aimants, qui ne manquaient pas une occasion de la dorloter et la gâter autant que possible, souvent sous le regard désapprobateur de la communauté mais, puisque fille comme parents fournissaient un travail admirable, personne ne trouvait trop à redire, se contentant de laisser couler. Tout le monde, sauf une personne, un jeune garçon, Edward, qui jalousait par dessus tout l'attention que l'on portait à cette pimbêche, une fille en plus !

Celui-ci ne manquait jamais une occasion de lui faire des misères, entre bousculades, croche-pieds, ragots et railleries. Malgré tout, notre petit demoiselle faisait fi de toutes ces provocations et restait aussi concentrée que possible sur ses petits cailloux adorés qu'elle transportait du matin au soir, ce qui faisait enrager encore d'avantage le petit merdeux. Il voulait se venger ! Lui-même ne savait pas vraiment de quoi, mais il se vengerait ! Or, cette occasion finit par se présenter. Un soir, alors que ce dernier cherchait un énième mauvais coup à faire subir à la petite Kaitlynn, il la croisa justement, alors que celle-ci rentrait joyeusement de la mine, un lourd sac rempli de Dust sur le dos. Pensant qu'il y avait là matière à faire, il la suivit, jusqu'à l’entrepôt où l'on entreposait d'habitude le précieux minerai. Et c'est là, à ce moment là, qu'il la vit, entre deux tris, glisser une de ces petites pierres brillantes dans la poche de son pantalon comme si de rien n'était. Ça y est, il le tenait enfin, le moyen de faire déchanter cette petite maligne ! Tellement satisfait, il ne put refréner un ricanement calculateur, se plaquant rapidement la main sur la bouche en se rendant compte de son erreur. Alertée, notre fillette ne remarqua cependant pas sa présence, se contentant de finir son travail en grande hâte avec de s'en aller en trottinant, direction la maison.

Cependant, le lendemain matin, déjà prête à reprendre le travail, c'est en ouvrant la porte de chez elle qu'elle tomba nez à nez avec l'administrateur de la colonie qui la foudroyait du regard, et derrière lui, Edward, le visage fendu par un rictus machiavélique. Sans un mot, l'homme la poussa à l'intérieur alors que deux gardes s'engouffraient à sa suite dans la petite case. D'un rapide coup d’œil, il repéra sans trop de peine une petite anfractuosité, à la tête de la paillasse de la jeune fille. D'un geste de la tête, les deux autres mastodontes se dirigèrent vers celui-ci, l'un d'entre eux y glissa la main pour en ressortir une petite bourse qui cliquetait lorsqu'on la secouait. Déjà, la fillette comprenait sa faute et baissait humblement la tête vers le sol. Lorsque le contenu du sac fut étalé sur le sol, révélant une poignée de cristaux de toutes les couleurs, le chef changea littéralement de couleur, passant du blanc impassible et froid au rouge le plus cramoisi, se retournant lentement vers la petite voleuse. Dans son coin, le jeune roublard se gaussait à ne plus pouvoir respirer, hoquetant et se tenant les côtes tant il riait. Cependant, un autre regard inquisiteur vers celui-ci suffit à le faire taire, alors qu'il déglutissait longuement sa salive.

Dans cette petite société militarisée et stricte, le vol était passible de la peine de mort. Cependant, aux vues de l'âge de Kaitlynn, on décida de lui laisser la vie sauve, et on préféra l'envoyer au fin fond des mines, avec les foreurs, ceux qui creusent. C'était un poste difficile, bien trop pour une gamine, qui exposait sans cesse à de nouveaux risque... Finalement, cela revenait un peu au même et ni les pleurs ni les insultes des deux parents ne purent y changer quoi que ce soit. Edward, pour son plus grand malheur, fut envoyé avec elle dans les tréfonds de la terre, pour le punir de ses exaction et de sa dénonciation. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tout-deux au fin fond des mines, seulement éclairés à la lueur de lampes, à gratter, taper, grappiller chaque centimètres de terre qui les séparaient des précieux filons. L'air était lourd, pesant, pollué, les enfants étaient envoyés en premier car, grâce à leur petite taille, ils pouvaient se faufiler dans les plus minces anfractuosités et placer des charges explosives là ou les adultes ne pouvaient pas passer. Alors que la violette s'échinait fidèlement à la tâche, son partenaire, lui bouillonnait de rage. Pourquoi se retrouvait-il ici ? Avec elle ? C'était trop injuste, c'était... de sa faute à elle... Si seulement... Si seulement elle pouvait disparaître... Oui ! C'est cela ! Il fallait qu'elle disparaisse ! Alors qu'il nourrissait de noirs desseins, son regard se posa par hasard sur l'une des charges laissée là par la fillette qui était fourrée entre deux pans de roche à la recherche d'un éventuel filon. Il ne lui fallu pas longtemps pour qu'une nouvelle idée germe dans son esprit.

Doucement, lentement, il se saisit de l'explosif. Tout aussi patiemment, il se rapprocha de la petite faille puis, portant sa lampe à hauteur de visage, il ouvrit cette dernière pour exposer la flamme à l'air libre. Inexorablement, la mèche se rapprochait dangereusement de la source de chaleur qui l'embraserait, après quoi, il aurait largement le temps de s'enfuir et de crier à l'accident. Malheureusement, au moment où la pointe de la ficelle allait s'allumer, Kaitlynn ressortait de son trou en reculant. Elle bouscula alors le jeune homme qui, déséquilibré, alluma la mèche plus près que ce qu'il aurait voulu... bien trop près. À peine eut-il le temps de pousser un long gémissement aigu que l'étincelle atteint la charge, qui explosa sur le champ. La roche du tunnel étant friable et instable, c'est tout le conduit qui s'effondra, recouvrant sous des tonnes de terre et de poussière toute personne présente. Il fallut trois jours entiers pour que les secours parviennent à dégager les décombres et les corps écrasés des mineurs et mineuses. Lorsqu'ils arrivèrent au point d'explosion, il ne restait plus aucune trace du jeune Edward, en revanche, Kait, quant à elle était indemne, ne portant pas même une égratignure, seulement dangereusement affaiblie par ces trois jour de jeun. La fillette semblait avoir été protégée par un cocon de pierre, qui l'entourait étrangement comme une mère entourerait le corps de sa progéniture avec ses bras pour la protéger. Sans trop chercher d'explications cependant, on l'extirpa du tunnel pour l'emmener d'urgence au centre médical.

Alors que la fillette se remettait doucement de son épreuve, déjà endormie depuis presque deux jours, un grondement sinistre se faisait entendre dans le village. En effet, secouée par le terrible accident, la colonie encore fragile était sous le choc et cherchait inlassablement un coupable. Certains accusaient notre demoiselle, d'autres soutenaient la thèse de l'accident, déchirant peu à peu la cohésion et l'organisation des lieux. Cependant, alors que la colère et la tristesse s'accumulaient dans le cœur de chacun, des yeux d'une toute autre nature observaient avec attention, scrutant dans l'ombre ces hommes colériques dont la noirceur d'âme avait réveillé de furieux appétits. En effet, le jour suivant, au petit matin, une meute de Beowulf lança l'assaut sur la colonie. Les défenses de celle-ci, seulement composées de quelques troupes envoyées depuis la capitale, ne firent pas long feu face à la déferlante Grimm, les hommes rapidement submergés par ces bêtes féroces toujours plus nombreuses. Le combat fut de courte durée, et rapidement, les coups de feu furent remplacés par des hurlements et des pleurs. Dans son infirmerie, la jeune Kaitlynn avait été oubliée, délaissée dans la panique, alors que celle-ci commençait tout juste à se réveiller. Les jambes encore flageolantes, elle ouvrit les portes du bâtiment pour découvrir un véritable champ de bataille, parsemé de cadavres d'hommes et de Grimms. Elle ne put refréner un hurlement de terreur, qui ne manqua pas d'attirer l'attention sur elle.

Le sang ne faisant qu'un tour dans son cerveau, elle se mit à courir, aussi vite et aussi loin qu'elle le pouvait. Cependant, les bêtes étaient trop nombreuses et trop agiles, rapidement, elle se retrouva encerclée et coincée contre un pan écroulé de la mine. Les yeux emplis de larmes, qui coulaient en cascade le long de ses joues, elle ne pouvait qu'attendre que la mort la frappe, alors que les Beowulf se rapprochaient lentement, mais sûrement. Cependant, alors que l'un d'entre eux se jeter sur le corps sans défense de la fillette, une chose inattendue se produisit. En effet, celle-ci se plaquant de tout son corps contre la roche, elle fut littéralement aspirée par elle, s'enfonçant comme dans de l'eau dans cette matière d'habitude si solide, alors que le prédateur s'écrasait lamentablement. Une petite poche se forma autour de Kait, ne lui laissant pour seul lien avec l'extérieur qu'un petit trou depuis lequel l'air pouvait s'infiltrer dans la cavité. Paniquée, choquée, la petite se roula en boule au fond de cet étrange dôme, dans laquelle elle pourrait pleurer tout son saoul. Sa ville, ses amis, ses parents, tout venait d'être réduit en cendre, tout venait de disparaître sous ses yeux sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit... Même Edward aurait fait une excellente compagnie à ce moment là... Encore mal remise, à bout de force, la fillette s'effondra sur elle-même, sombrant dans un sommeil sans rêves.

Elle ne fut réveillée qu'au petit matin par les bruits d'un nouvel affrontement. Cette fois-ci il s'agissait de Hunter et Huntress bien entraînes, capable de tenir tête aux créatures féroces. Depuis sont petit trou, la jeune fille observait avec intérêt les mouvements gracieux et adroits de ces hommes et de ces femmes qui petit à petit faisaient reculer la meute, pour finalement parvenir à la mettre en déroute. En à peine quelques instants, le calme était revenu, comme si rien ne s'était jamais passé. Soudainement, la petite bulle protectrice se décomposa, alors que Kaitlynn s'étalait de tout son long aux pieds de ces valeureux guerriers, qui la regardaient avec étonnement. Ne pouvant laisser seule une enfant, il décidèrent de la ramener jusqu'à Atlas, où elle fut confiée à un orphelinat dans lequel elle passa quatre années de sa vie. Malgré la perte tragique de ses proches, elle ne cessa jamais de se battre, autant par amour que par respect, et passa ces quatre ans dans un calme relatif, et une certaine tranquillité, loin du travail forcé et des bêtes sauvages. De plus, elle avait trouvé un but à sa vie, un objectif, auquel elle se cramponnait avec force et conviction : Elle deviendrait Huntress ! Pour ses parents, pour ses sauveurs, et pour elle-même, n'ayant jamais perdu son goût pour l'aventure.

Son quatorzième printemps arrivé, elle décida de s'inscrire dans l'une des nombreuses écoles de formation d'Atlas, espérant obtenir son diplôme au plus vite afin de s'inscrire à l'Académie. Malheureusement, on ne peut pas dire que cela se passa comme prévu. Agacée et désintéressée par les enseignements militaires et la droiture exigée au sein de son établissement, elle passait la majeure partie de son temps à faire l'école buissonnière ou à dormir en cours, se faisant réprimander sévèrement à chaque fois qu'elle se faisait attraper. Elle avait les notes les plus basses dans toutes les disciplines et, finalement au terme de son apprentissage, à l'âge de 18 ans, sans trop de surprise, on lui refusa net son entrée à Atlas, son dossier jugé inacceptable. Quelque peu dépitée, elle failli abandonner l'idée de devenir huntress et passa une année entière à vagabonder entre les villes, trouvant de quoi manger en revendant les métaux qu'elle parvenait à récolter grâce à son équipement qu'elle avait fièrement créé de ses propres mains au cours des sa formation. Mais, lassée par une telle dérive, elle décida du jour au lendemain de quitter le continent pour rejoindre le royaume de Vale, et plus particulièrement, la capitale. Ayant entendu dire qu'à Beacon, leur Académie, les test d'entrées étaient différents que ceux d'Atlas, elle voulut tenter sa chance, après tout, elle n'avait rien à perdre. C'est finalement avec surprise de sa part qu'elle fut admise à 19 ans, de justesse, certes, mais admise quand-même ! Plus remontée que jamais elle se sentait désormais prête à soulever des montagnes pour accomplir son rêve !