A moins d’être sourd, il est difficile de ne pas remarquer l’accent de Bartholomew qui se méprendrait, si on le comparait parmi ceux existants dans notre propre monde, à l’accent allemand. Evidemment, dans le monde de Remnant, un tel pays n’existe pas. En revanche il trouve ici ses origines dans les régions du nord-est du Royaume de Vale, où le dialecte local connaît quelques variations en comparaison de celui du centre du continent.

C’est dans une ville située sur cette partie du territoire que Bartholomew a pu voir le jour. Elle n’était ni très grande, ni trop modeste, mais l’architecture était par endroits médiévale ce qui témoignait de son ancienneté. Il s’agissait d’un lieu de passage pour ainsi dire, où le commerce et les échanges avaient pu prospérer grâce à la protection des Huntsmen et des Huntresses qui, quant à eux, avaient le respect et l’admiration de la population locale, vieux et jeunes. Mais derrière ce semblant de paix se cachait des conflits internes plus problématiques. Bon nombre de Faunus avaient trouvé refuge en ce lieu au travers de leur désir de commencer une nouvelle vie hors de la Ménagerie.  Au fil des années, leur proportion avait augmenté et rivalisait avec la population humaine locale qui, si elle les avait accueillis avec indifférence dans les débuts, avait fini par les considérer comme des parasites.

La famille de Bartholomew n’était guère plus amicale envers ces étrangers. Ses parents ne s’abaissaient pas à les injurier en public ou à leur porter quelconque violence ; mais les multiples conseils et avertissements qu’ils avaient donné au jeune garçon n’avaient pas vocation à l’amener à nouer de quelconques amitiés avec des membres de cette espèce. Il en avait entendu, des choses sur les Faunus. Que c’étaient des voleurs. Que parce qu’ils étaient nyctalopes, il était plus naturel et aisé pour eux de commettre des actes frauduleux à l’insu de tous. Qu’ils étaient plus animaux qu’humains, et donc inférieurs que ce soit au niveau de l’intelligence ou de la morale car régis par des instincts plus primaux. On lui conseilla de ne pas leur adresser la parole comme on conseille à un enfant de ne pas suivre un inconnu qui promet des bonbons. Parce qu’il était jeune et qu’un enfant fait particulièrement attention aux avertissements de ses parents, Bartholomew nourrit une méfiance à l’égard de ce peuple sans pour autant chercher à leur nuire.

Comme beaucoup de jeunes de son âge, il vouait une grande admiration pour les Huntsmen et Huntresses, ces personnes dont on chantait aussi bien leur bravoure que leurs talents au combat. Ils étaient presque autant à désirer rejoindre leurs rangs, mais peu y parviendraient.

La découverte précoce de sa Semblance et la bonne maîtrise de cette dernière l’avaient encouragé à poursuivre dans cette voie.  Bartholomew a toujours été débordant d’énergie, plus que n’importe quelle autre personne. Mais il se rendit vite compte du potentiel de son pouvoir si on l’utilisait de manière intelligente et surtout, avec les bons éléments, en particulier avec sa boisson préférée. Cela eu une influence considérable dans le choix de son arme, qu’il construit de telle sorte à pouvoir l’utiliser également comme thermos afin de s’en servir en complémentarité avec sa Semblance, le rendant plus énergique (et hyperactif) que jamais. A noter qu’il l’avait également fait à son image : faussement inoffensive. Son thermos devenait une arme meurtrière une fois déployé en un lance-flamme.

Mais son arme même reflète d’autres aspects de lui-même, qui sont autant de raisons qui l’ont poussé à poursuivre la voie de Huntsman -sa nature aventurière notamment, expression de son esprit de découverte en lien avec son penchant inné pour l’histoire et le savoir. Il voyait en ce métier à la fois une occasion de contribuer activement à la protection des Royaumes, mais aussi de connaître une indépendance lui permettant d’assouvir sa propre curiosité ; certains territoires, toujours occupés par des Grimms, n’attendaient qu’à être explorés et exploités dans un but archéologique. Savoir faire face à des adversaires aussi sinistres que puissants était un pré-requis indispensable en cela, ce qui le détermina à persister dans cette voie.

Il rejoint l’Académie de Beacon à l’âge de 17 ans, et ce après quelques années préparatoires au sein d’une Ecole de Combat locale où il avait pu perfectionner ses techniques.

Selon les usages, une épreuve qui déterminerait la composition des équipes fut soumise à l’ensemble de la promotion. La règle était simple : la première personne dont il croiserait le regard deviendrait l’un des membres de son équipe pour les quatre années à venir – et à deux, ils devraient récupérer un artefact à remettre aux examinateurs.

Bartholomew se souviendrait toujours de ces deux yeux rouge sang à faire frissonner un Grimm. Il avait même eu l’impression qu’ils perçaient l’opacité de ses lunettes.  Puis il avait vu un visage féminin. Une cape brune. Et ... des plumes ambrées dans les cheveux, qui semblaient se fondre avec ces derniers. De vraies plumes.

Ironiquement, le destin avait décidé de le forcer à passer ses quatre prochaines années avec une Faunus peu engageante – car elle ne débordait pas d’amitié. A croire que tous deux avaient leurs propres raisons de ne pas porter une confiance aveugle en le peuple opposé. En raison de cela, les premiers temps passés avec son équipe ne furent pas des plus confortables, car même si Bartholomew avait pris du recul sur les jugements de ses propres parents grâce à son intelligence, son esprit critique et sa maturité grandissante, il était difficile d’ignorer complètement les préjugés de son enfance. Il resta néanmoins cordial, car telle était sa nature.

Aussi, ces quatre années furent pour lui riche en développement. Son esprit s’ouvrit davantage à ce peuple, à leur histoire et leur culture. Sa co-équipière Faunus, répondant au nom de Nascha, était particulièrement dévouée à leur cause – et si elle avait été plutôt désagréable et ironique avec lui dans les débuts, la future Huntress finit par nouer des liens plus amicaux avec Bartholomew tout en s’efforçant de l’éclairer.

Ce ne fut pas la seule amie qu’il gagna. Hormis son entente avec les autres membres de son équipe, d’autres étudiants avaient attiré sa sympathie. Les plus notables étaient la team STRQ. Même si Raven ne semblait pas beaucoup apprécier son hyperactivité, Summer, Qrow et en particulier Taiyang étaient bien plus ouverts et amusés à cet égard. A noter qu’il appréciait ses professeurs de manière générale, mais il ne s’était pas attendu à nouer une amitié avec l’un d’entre eux en entrant à Beacon. Peter Port, un jeune professeur qui débutait dans le métier et déjà réputé en tant que Hunter, était une personne avec qui il s’entendait étonnamment bien. Au-delà de leur relation professeur-élève et leur respect mutuel, une amitié s’était installée entre les deux individus. Inutile de dire que l’équipe d’Oobleck fut l’une des favorites de Peter.

Ce n’est que récemment, à l’âge de 21 ans, qu’il fut promu Huntsman avec tout le reste de sa promotion. De nouvelles perspectives s’ouvraient à lui ; il était libre d’exercer son métier comme il le souhaitait. Ses ambitions demeuraient inchangées, même si elles gagnèrent en maturité. Au-delà d’un aventurier, il devenait petit à petit homme de science – mais il n’était encore qu’à l’état de bourgeon. Il était encore jeune, après tout ; son expérience future forgerait son destin.

Bartholomew n’aurait pas eu de problèmes à explorer le monde avec son équipe actuelle, mais tous avaient leurs propres aspirations. L’un voulait revenir protéger son village, l’autre voulait vagabonder seul ; Nascha, quant à elle, disait avoir à faire avec la White Fang. Malgré tout, ils se promirent de rester en contact.

Ainsi, c’est en solitaire que Bartholomew débute son aventure dans le Monde de Remnant.